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Effacement : Retour sur les AO 2019
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Si vous avez eu la chance de lire le numéro 2 d’Ener’Focus, vous saurez que les revenus produits par l’effacement de consommation sont en réalité un empilement issu de la participation d’une même capacité à plusieurs mécanismes.

 

Une grande partie de ces revenus est obtenue via la participation à des appels d’offres attribuant des paiements capacitaires fixes aux capacités retenues. Les résultats des appels d’offres réserves rapides et complémentaires ont été publiés le 2 août et les résultats de l’appel d’offres effacement, le 18 octobre, tous les deux avec des résultats plutôts négatifs pour les acteurs de l’effacement. Nous allons dans cet article passer en revue un peu plus finement les résultats de ces différents appels d’offres.

 

RR/RC la chute sans fin

Le 2 août, RTE a publié les résultats de l’appel d’offres RR/RC pour contractualisation 2020. Huit sociétés : Actility Energy, Agregio, Alpiq Energie France, EDF, Energy Pool Développement, Engie, NovaJoule et Smart Grid Energy, ont été retenues pour un volume total offert de 2750 MW (contre 3200 MW en 2019). 

 

Le prix fût une surprise pour la plupart des acteurs même si tous attendaient des prix bas. Le prix moyen de la réserve rapide est de 5,6 k€/MW/an (contre 12,0 en 2019) et le prix moyen de la réserve complémentaire de 3,9 k€/MW/an (contre 7,6 en 2019). Les RR/RC avaient déjà connu des baisses de prix successives puisqu’en 2016, leur prix moyen s’élevaient à respectivement 36 k€/MW/an et 28k€/MW/an ; des prix bien éloignés des niveaux actuels. 

 

Les RR/RC sont pourtant des réserves exigeantes nécessitant un haut niveau de disponibilité et de réactivité de la part des sites y participant, sous peine de payer une pénalité importante. Une capacité doit répondre en moins de 13 min pour la RR et 30 minutes pour la RC. De plus, RTE exige que les capacités soient observables, i.e. que des télémesures de la consommation des sites soient transmises au pas 10 secondes toutes les 10 secondes, ce qui demande une instrumentation et donc des investissements supplémentaires.

 

Qu’est-ce qui explique cette baisse? Plusieurs facteurs sont à l’oeuvre. L’origine de cette tendance baissière est certainement le passage en 2017 à une enchère au prix marginal (pay-as-clear) en fait et place d’une enchère à prix d’offre (pay-as-bid). Dans une enchère au prix marginal, toutes les offres retenues reçoivent le même prix, le prix de la dernière offre retenue dans l’enchère. Les opérateurs ont donc commencé à transmettre des offres à prix bas afin d’être certains d’être retenus en espérant que le prix marginal soit intéressant.

 

A cela est venu s’ajouter deux autres facteurs. Le premier est un afflux de nouvelles capacités d’effacement “gris” (générateurs diesel) qui participaient auparavant à l’AOE - ils en ont été totalement exclus cette année comme on le verra ci-après. Le second est le niveau de revenu retiré via la participation au mécanisme de capacité. A environ 20 000 euros/MW/an (moyenne des enchères EPEX jusqu’à présent) pour 2020, le revenu provenant de la vente des garanties de capacité est déjà suffisant pour certaines capacités d’effacement (notamment celles constituée par des générateurs diesel). Ce revenu étant cumulable avec celui des RR/RC,ce dernier n’est qu’une cerise sur le gâteau pour ces capacités qui peuvent ainsi soumettre des offres à des prix très bas. 

 

Ainsi, de nombreux acteurs ont offert leur capacités à des prix extrêmement faibles lors de l’appel d’offres. Selon EnergyPool 750 MW, soit ¾ des volumes finalement retenus, ont été offerts à tout prix  (à 0 ou 1€). Un prix de la RR/RC à zéro? C’est possible mais pas forcément souhaitable. En effet, les pénalités en cas de défaillance sont fonction des prix, si les prix sont très bas, il est fort possible que les opérateurs ne respectent plus leur engagements, créant ainsi un risque pour l'équilibre du système électrique dans lequel la RR/RC joue un rôle important. 

 

Fin 2020, l’appel d’offres RR/RC qui comme vous avez pu le constater est annuel, va devenir en partie journalier avec des offres remises et une contractualisation effectuée en J-1. Est-ce que cela va “booster” un peu les revenus issus de la RR/RC et rendra le mécanisme un peu plus attrayant pour l’effacement? Cela reste à voir. 

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Prix RR et RC 2020 vs. 2019 , Source RTE

AOE, où sont les volumes?

Depuis la refonte de l’AOE en 2018,celui-ci déçoit systématiquement ces participants. L’AOE “nouvelle formule” se présente comme un complément de rémunération, venant s’ajouter aux revenus du mécanisme de capacité et potentiellement de la RR/RC afin d’encourager à développer de nouvelles capacités d’effacement vert (modulation de la consommation sans démarrage de générateurs sur le site). Les capacités “anciennes”, ayant déjà participé plus de 4 ans à l’AOE pour les sites dont la puissance souscrite est supérieure à 1MWa et plus de 6 ans pour les autres, et l’effacement gris (démarrage de générateurs) en sont exclus.  Malheureusement il n’a pour l’instant suscité que des vocations limitées.

 

Sur un objectif total de 2 900 MW en 2020 seuls 770 MW ont été attribués lors de l’AOE. Bonne nouvelle toutefois, ce volume est en hausse de 33% par rapport à 2019. Surtout que si l’on considère les seuls effacements “verts” (en 2019 des effacements “gris” participaient toujours) cette augmentation est de 43%. Le paiement obtenu par ces capacités dans le cadre de l'AOE est toujours inconnu car il dépend du niveau exact du prix de référence de la capacité pour 2020 (prix de la dernière enchère EPEX avant 2020). 

 

La raison de ce “manque” de capacité est relativement simple, les capacités d’effacement “vertes” relativement peu coûteuses à implémenter l’on déjà été. Les grands sites industriels disposant de larges capacités flexibles participent déjà à un ou plusieurs mécanismes depuis des années. Les nouvelles capacités demandent plus d’investissement, soit car nécessitant une instrumentation plus coûteuse soit parce qu’elles sont constituées de sites plus petits (effacement dit “diffus”), plus difficiles à gérer. Hors les revenus de l’effacement sont incertains et le revenu garanti obtenu lors de l’AOE est plafonné. La rémunération d’un MW “type” d’effacement certifié sur le mécanisme de capacité et lauréate de l’AOE 2020 est de l’ordre de 23k€/MW/an. A ce niveau de revenu il est donc difficile de financer de nouvelles capacités dont l’investissement doit être récupéré sur plusieurs années.  

 

Face à ce succès limité, la DGEC a annoncé qu’elle va entamer d’ici la fin de l’année des discussions avec la Commission européenne afin de revoir les modalités de l’AOE. Les plafonds de revenus seront-ils assouplis? 

 

Prochain “gros” appel d’offres dont les résultats sont attendus en début d’année prochaine. L’appel d’offre long-terme du mécanisme de capacité où les nouvelles capacités d’effacement (entre autres) peuvent obtenir une rémunération garantie sur 6 ans. Et si c’était lui qui motivait le développement de nouvelles capacité d’effacement vertes dans le futur? 

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Estimation revenu AOE et mecanisme de capacité - Source RTE

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