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Quelle gestion du risque pour votre approvisionnement en énergie ?
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La hausse des prix de l’électricité et du gaz ont remis la question de la gestion du risque au goût du jour. De plus en plus d’entreprises s’interrogent, à raison sur leur process d’achat d’énergie. Les prix de l’énergie sont trop volatiles et leur impact sur le budget des entreprises trop important pour que les achats d’énergie soient abordés de la même manière que les achats de stylos.

Mais comment implémenter une stratégie de gestion de risque pour son approvisionnement en énergie ? Cet article va essayer de vous donner quelques pistes.  

 

Gestion des risques pour quoi faire ?

Une stratégie de gestion des risques est un ensemble de règles/contraintes définies ex-ante et qui vont s’appliquer systématiquement à votre stratégie d’achat d’énergie. Si vous décidez par exemple d’acheter systématiquement si le prix dépasse 70 euros/MWh, vous avez introduit une contrainte dans votre stratégie d’achat et vous avez donc mis en place une stratégie de gestion de risque.

Pour être une vraie stratégie de gestion de risque, un ensemble de règle doit répondre à une série de conditions :

  • Elles doivent être fixées ex-ante, i.e. avant que la stratégie d’achat ne débute pour une période de livraison donnée ;

  • Elles ne doivent pas pouvoir être changées/ignorées une fois que la stratégie d’achat a débuté pour une période de livraison donnée ;

  • Elles doivent être applicables. Si vous définissez des contraintes fantaisistes ou trop complexes qui ne seront jamais appliquées cela n’est pas une stratégie de gestion du risque ;

Pourquoi s’imposer des contraintes dans sa stratégie d’achat ? Et bien parce que vous ne pouvez pas prévoir l’évolution du prix de l’énergie. Les signaux d’achat (analyses techniques ou fondamentales) que vous allez suivre peuvent vous aidez à « choisir » un moment précis pour acheter mais ils ont une puissance prédictive faible sur des échéances longues. Vous pouvez être un expert absolu des marchés de l’énergie, la survenance d’événements imprévisibles (COVID, indisponibilités nucléaires, évènements géopolitiques, etc.) va toujours mettre à mal votre estimation du prix de marché.

Les contraintes définies dans une stratégie de gestion du risque ont deux rôles :

  • Principalement, empêcher des dérives de coûts trop importantes (elles vous empêchent de vous tromper trop lourdement si votre vision du marché s’avère fausse)

  • Accessoirement, limiter le temps et les ressources liés à une stratégie d’achat

 

Quelle stratégie de gestion des risques pour quelles entreprises ?

Il existe un millier de façons différentes de définir les contraintes d’une stratégie de gestion du risque. Toutefois, il existe 3 grandes familles de contraintes. Le choix d’une famille plutôt qu’une autre dépend de l’activité de l’entreprise acheteuse, de son contrat de fourniture et de sa maturité en matière de gestion des risques.

  1. Les stop-loss

Un stop-loss est un niveau de prix qui lorsqu’il est atteint déclenche l’achat de toute ou partie du volume de consommation prévisionnel.

C’est une stratégie de gestion du risque simple en apparence et plutôt populaire. D’autant plus qu’elle peut être utilisée quel que soit votre contrat de fourniture (prix fixe, contrat clics, etc.). Toutefois, il est difficile pour de nombreuses entreprises de fixer un niveau de stop-loss. 80 euros/MWh ? Pourquoi pas 85 ou 75 ?

Et bien, cela semble trivial mais il faut tout d’abord être en mesure d’estimer la perte financière maximale qui correspond un niveau de stop-loss donné. Si le prix de l’énergie augmente d’un euro de combien le prix de vente de vos services/produits sera affecté ? Et si vous n’êtes pas capable de répercuter la hausse de votre coût dans votre prix de vente, de combien va elle impacter votre marge ?

Une fois que vous connaissez cet impact, quel est la variation du prix de vente ou la perte de marge maximale que votre entreprise est capable de supporter ? Si elle est de zéro votre stop-loss sera exactement égal à l’hypothèse de prix introduite lors du calcul de votre prix de vente (si le prix de marché actuel est égal ou supérieur à celui-ci, votre stop-loss sera activé immédiatement). Si vous êtes prêt à subir une perte maximale de mettons 5% de votre marge, votre stop-loss devra être calculé en fonction du prix de marché auquel vous réalisez cette perte.

Si le prix de l’énergie impacte peu votre prix de vente/marge ou si son impact exact vous est inconnu, les stratégies de stop-loss ne sont pas les plus appropriées pour votre entreprise car leurs niveaux seront arbitraires. Les stratégies de stop-loss sont en réalité particulièrement adaptées pour les entreprises electro ou gazo-intensives.

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Stop loss et hedge ratios

 

2. Les hedge ratios

Contrairement aux stop-loss, les hedges ratios (ratio de couverture) ne dépendent pas du prix de marché mais du temps qu’il vous reste avant le début de la livraison de l’énergie. Vous allez fixer des volumes minimaux et maximaux devant être achetés sur une certaine période.

Commençons avec un exemple simple, vous effectuez vos achats via 4 clics (4x25% de votre consommation prévisionnelle) sur une période de couverture de 10 mois. Découpez cette période en 4 sous-périodes de 2,5 mois chacune. Durant chaque sous-période, vous devrez effectuer ni plus ni moins qu’un clic de 25%. Vous êtes libre de choisir une date précise pour votre clic mais à la fin de chaque sous-période vous devez l’avoir réalisé et être couvert à 25% puis 50% puis 75% puis 100%.

Cet exemple est l’implémentation la plus simple mais si vous avez plus d’une dizaine de clic vous adopter une approche dite « en tunnel ». Si vous vous couvrez sur une période de 100 jours, la stratégie minimisant le risque est de cliquer 1% tous les jours, vous aurez alors exactement le prix moyen sur la période. Vous n’allez pas appliquer cette stratégie mais elle va vous servir de référence. Le premier jour de la période de couverture votre hedge ratio de référence sera 1%, le second jour 2% et ainsi de suite. A cet hedge ratio de référence, vous allez ajouter des tolérances haute et basse, si vous utiliser une tolérance de 20%, le premier jour vous devrez avoir fixer entre 0 et 20% de votre consommation et le dernier jour entre 80 et 100%. Plus cette bande de tolérance sera serrée et plus votre stratégie de gestion du risque sera restrictive.

Les stratégie d’hedge ratios plus ou moins complexes permettent aux entreprises de lisser l’évolution de leur prix d’une année sur l’autre. Elles sont particulièrement adaptées aux entreprises industrielles et tertiaires qui souhaitent un budget relativement stable d’une année sur l’autre. Ces stratégies ne peuvent être appliqués que si vous avez un contrat clic. Plus de clics seront à votre disposition et plus vous appliquerez votre stratégie longtemps à l’avance et plus cette méthode de gestion des risques sera effective.

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3. Les VaR

L’utilisation de calcul de VaR (Value-at-Risk) permet de rajouter une couche de sophistication dans les méthodes de gestion du risque précédentes. Elle correspond au montant de pertes qui ne devrait être dépassé qu'avec une probabilité donnée sur un horizon temporel donné. De ce montant, on peut déduire des stop-loss ou des hedge ratio.

Dans les exemple précédents les contraintes fixées étaient indépendantes de l’évolution conditions de marché, elles étaient « statiques ». Mais si le marché est très volatile et que la probabilité d’arriver à votre perte « tolérable » maximale augmente vous pouvez vouloir des règles qui tiennent compte de ce fait.

Il existe plusieurs manières de calculer la VaR mais l’idée générale est de construire une distribution de prix (quel prix pourra être atteint à quel probabilité) qui sera recalculé régulièrement et qui du coup variera avec la volatilité des prix. Plus la volatilité est élevée et plus la probabilité d’atteindre des prix élevés sera forte et plus la VaR sera importante. Les contraintes de gestion de risque se resserrent donc automatiquement en cas de situation de marché tendues.

Il existe de nombreuses façons de calculer et d’appliquer les calculs de VaR afin de générer des contraintes dynamiques. Toutefois son usage est nettement plus complexe et est intéressant si et seulement vous possédez les ressources pour la calculer et la suivre régulièrement. Les stratégies de gestion de risque reposant sur la VaR sont donc principalement utilisées par les entreprises très grosses consommatrices d’énergie et qui ont un personnel dédié à l’achat d’énergie expert.

Comment déterminer mon aversion au risque ?

Plus restrictives seront les contraintes appliquées plus les perspectives de gains par rapport au prix de référence fixé (prix moyen, prix de l’énergie intégré dans votre prix de vente, etc.) seront faibles et plus le risque de perte sera réduit. Si les contraintes choisies sont peu restrictives c’est l’inverse qui sera vrai. Votre degré d’aversion au risque représente « l’équilibre » entre risque et gain qu’est prête à accepter votre entreprise.

Voici les questions que vous devrez vous poser pour définir votre aversion au risque :

  • Est-ce que mon objectif principal est une énergie moins chère ou un budget énergie moins variable ?

  • Quels sont les ressources (financière, personnels, etc.) que je peux dédié à mon achat d’énergie (en cas de ressources faibles votre stratégie de gestion de risque devra être plus restrictive) ?

  • Quel est l’impact d’une hausse des prix de l’énergie sur le coût de mon produit ou sur ma marge ? Et de là quelles variations sont supportables financièrement ou non ?

Une fois que vous serez clair sur ces questions donner des valeurs aux paramètres de votre gestion de risque devrait être assez simple.

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